Avant-dernière et Avant-première Chaissac & CoBrA

 

Gaston Chaissac (1910-1964) Regard Noir (Dark gaze), 1959/1960 Collage Reto Pedrini / Nathan Fine Art (Zürich / Potsdam)

 L'avantage avec les expositions itinérantes, c'est qu'elles tournent !

Il ne reste plus que 2 jours pour voir l'exposition CoBrA & Chaissac au Kunstmuseum de La Haye, il ne reste plus que quelques semaines à patienter avant de la voir au musée Soulages de Rodez

 

 


 

 

En 1961, Gaston Chaissac (1910-1964) expose à la célèbre galerie parisienne d'Iris Clert. Il y a été reçu avec enthousiasme. Les artistes de CoBrA (qui n'étaient plus un groupe à l'époque) étaient les plus excités par les œuvres exposées, et en effet ils se sont battus pour elles. L'exposition entière s'est vendue en un rien de temps. Malheureusement, Chaissac n'a pas pu y assister pour des raisons de santé, et il ne rencontrera jamais ses admirateurs en personne. Mais ils s'étaient inspirés les uns de l'autre depuis des années, comme le montrera pour la première fois le Kunstmuseum Den Haag dans son exposition CoBrA et Chaissac – Kindred Spirits.

L'artiste autodidacte Gaston Chaissac a vécu une vie recluse loin de la métropole culturelle de Paris. Pourtant, ses dessins expressifs, ses peintures et ses sculptures, aux couleurs vibrantes et aux contours noirs, ne sont pas passés inaperçus. Bien qu'il n'ait jamais rejoint aucun mouvement artistique, la similitude entre son travail et celui des artistes de CoBrA est évidente. Ce mouvement est né de l'air du temps d'après-guerre, alors que les artistes rompaient avec l'ancienne tradition à la recherche d'un nouvel art moderne pour tous, dans lequel la spontanéité, l'authenticité et l'honnêteté étaient primordiales. Un intérêt commun pour l'art naïf et l'art populaire, et l'utilisation de motifs comme les serpents et les totems, en ont fait des âmes sœurs. Ils ont peint tout ce sur quoi ils pouvaient mettre la main.




Unique et très apprécié
Les choses auraient pu tourner complètement différemment si Gaston Chaissac n'avait pas rencontré le peintre Otto Freundlich et sa femme Jeanne Kosnick-Kloss à Paris, où il a vécu un temps avec son frère, gérant une entreprise de cordonnerie. Freundlich, déjà un artiste reconnu, reconnaît le talent de Chaissac et lui donne du matériel de peinture. Chaissac, qui tentait de gagner sa vie comme artisan, s'épanouit en osant enfin se consacrer à son art. En 1938, le couple organise sa première exposition à la Galerie Gerbo à Paris.

L'œuvre de Chaissac évolue dans les années 50 et 60, période où coexistent en parallèle une grande variété de mouvements. Son travail répond à l'immense désir du monde de l'art et du public pour des formes d'expression préservées après la Seconde Guerre mondiale. L'art de Chaissac a attiré beaucoup d'attention, en particulier de la part d'autres artistes. À ce titre, il est devenu un véritable artiste d'artistes. Il a réussi à combiner le ludique avec le tragique, il était gai, coloré et authentique, mais en même temps profondément mélancolique et solitaire. C'est pourquoi il était considéré comme un artiste si important dans une décennie où l'existentialisme français dominait la philosophie. Cependant, son travail ne pouvait être classé dans aucun mouvement (Chaissac y était explicitement opposé !) et la variété des médias et des techniques qu'il utilisait le rendait idiosyncratique et unique.




Là à distance
A Paris, il visite des musées et des galeries, et se familiarise avec l'architecture. Il se souviendra plus tard : « Ce qui m'a le plus fasciné, ce sont les représentations de la nature peintes dans des couleurs qui n'existent pas dans la nature, et ce sont précisément ces couleurs qui les ont rendues si belles ». Il n'était pas intéressé par les vernissages et les salons, préférant rester à distance, à la suite de sa femme Camille, une enseignante dont le travail a emmené le couple dans des endroits reculés comme Boulogne-en-Vendée, Sainte-Florence-de-l'Oie et Vix. Là, il était libre de travailler sur sa «peinture rustique et moderne», comme il décrivait son travail, et de développer son art comme il l'entendait. Il a également travaillé avec des écoliers et des artisans pour créer un « art pour tous ».

Malgré sa vie recluse à la campagne, Chaissac entretient une correspondance animée avec des critiques, des journalistes, des écrivains, des peintres et des éditeurs de revues. Cela l'a tenu au courant du débat artistique et lui a permis d'y participer. En 1946, il se fait remarquer par Jean Dubuffet, qui le voit comme le représentant de son concept d'Art Brut. Mais Chaissac n'a pas souhaité être étiqueté, et il a pris ses distances avec l'appellation. Il a également eu des contacts indirects avec les membres de CoBrA via des revues et des galeries à Paris, et il y avait une grande admiration mutuelle entre eux.

Si les artistes du groupe CoBrA retournent régulièrement dans leur pays d'origine, et exposent à Amsterdam, Bruxelles et Copenhague, Paris reste le lieu où ils se rencontrent et exposent leur travail. Paris était aussi un point de référence important pour les idées de Chaissac sur l'art, et pour ses expositions. En France, Gaston Chaissac est toujours considéré comme un artiste moderne important, et les grands musées organisent régulièrement des rétrospectives de son travail. Le Kunstmuseum Den Haag présentera cet artiste aux Pays-Bas, combinant pour la première fois son travail avec celui de CoBrA. Chaissac et CoBrA seront présentés dans des galeries séparées (mais avec de nombreux aperçus l'un de l'autre), reflétant la situation dans la vie réelle, leurs œuvres ayant rarement occupé le même espace à cette époque. Néanmoins, le dialogue visuel présenté dans l'exposition et le catalogue qui l'accompagne révéleront clairement leur parenté d'une manière jamais vue auparavant.

 

Gaston Chaissac (1910-1964) Face de lune (Moon face), 1956 Oil on jute Private collection, courtesy of Nathan Fine Art (Zürich / Potsdam)

 CoBrA est l'acronyme de Copenhague - Bruxelles - Amsterdam. Plus d'information sur ce mouvement trop souvent réduit en France au rôle de précurseur de l'Internationale Situationniste. ICI

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CoBrA and Chaissac - Kindred spirits

 KunstMuseum den Haag

 

(Merci au Service de presse du Kunstmuseum den Haag pour la qualité de leur dossier de presse)

Commentaires

  1. Ahhh que si je n'étais pas en panne de bouzin...
    Que j'aurais bien volé ce Nartic

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    1. Si ça te dit, j'peux t'en proposer une version avec une p'tite intro !!!
      (là, ce n'est guère qu'une adaptation servile du dossier de presse de La Haye)

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    2. Youpee
      Tu sais comment faire??

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    3. J'y travaille... Si je n'y arrive pas, j'appelle à l'aide !

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