Appelez-moi Rembrandt !

 
Rembrandt Harmensz van Rijn (1606–1669)
Self-Portrait with Velvet Beret, 1634
Oak wood, 58,4 × 47,7 cm
Staatliche Museen zu Berlin, Gemäldegalerie
Photo: Staatliche Museen zu Berlin, Gemäldegalerie - Christoph Schmidt

 
Cet automne, le Städel Museum célèbre le travail du plus grand des artistes hollandais du 17ème siècle : Rembrandt van Rijn. L'exposition « Rembrandt à Amsterdam : créativité et compétition » est la première à retracer l'ascension de Rembrandt d'un jeune artiste ambitieux de Leyde jusqu'à devenir un célèbre maître d'Amsterdam.
 
L'histoire est racontée à travers 60 œuvres de Rembrandt placées dans dialogue direct avec les peintures d'autres artistes de son temps. L'exposition combine l'importants fonds de Francfort de l'œuvre de Rembrandt, dont L'Aveuglement de Samson (1636), avec une série de prêts de grands musées d'Europe et d'Amérique du Nord. Environ 140 peintures, gravures et dessins de Rembrandt et de ses contemporains – prêtés par le Rijksmuseum d'Amsterdam, la Gemäldegalerie Berlin, la Gemäldegalerie Alte Meister de Dresde, la National Gallery de Londres, le Museo Nacional del Prado de Madrid et la National Gallery of Art de Washington - révèlent l'ascension, la percée et la domination du marché impressionnants par l'artiste depuis les années 1630 jusqu'au milieu des années 1650.
Peintre, Rembrandt a produit une œuvre étonnamment riche et variée composée de paysages, de scènes de genre et de natures mortes, mais il est surtout connu pour ses peintures historiques et ses portraits réalistes. Son interaction et son échange avec d'autres peintres ont façonné à la fois son développement en tant qu'artiste et ses ambitions entrepreneuriales.
Au milieu de la rivalité et de la compétition qui ont caractérisé l'atmosphère inspirante d'Amsterdam à l'époque, où de nombreux artistes talentueux courtisaient la faveur de la bourgeoisie aisée, Rembrandt a développé son expression visuelle unique, ce qui lui a finalement permis de se hisser au sommet de ce marché de l'art âprement disputé.
 
 
 
« Avec ‘Rembrandt in Amsterdam’, le Städel Museum s’intéresse de près à l’une des figures les plus célèbres de l'histoire de l'art. A travers plus de 40 œuvres de notre propre collection et 94 prêts internationaux importants, nous retraçons les années décisives de la carrière de Rembrandt et nous le suivons sur son chemin vers le succès et la maîtrise de son art dans sa compétition avec ses rivaux. Deux ans après ‘Making Van Gogh’, notre exposition Rembrandt marque également un nouveau départ pour Francfort – nous souhaitons remercier les partisans de cet projet exceptionnel, ainsi que les citoyens, partenaires, fondations et les entreprises dont la solidarité nous a soutenus ces derniers mois, plus que jamais », déclare Philipp Demandt, directeur du Städel Museum.

« Rembrandt a suivi sa propre voie – avec inspiration et innovation, un sens aigu de la l'importance du réseautage et de la collaboration, mais aussi avec une tendance têtue et une bonne dose de volonté et de dynamisme. Ces attributs sont encore ce qui détermine le sort de projets dans le monde d'aujourd'hui. Nous croyons au pouvoir de l'art pour inspirer l'innovation et la finance. Chez ING Deutschland, dont le siège est à Francfort et qui a des liens étroits avec Amsterdam, nous sommes donc ravis de soutenir cette exposition extraordinaire au Städel Museum et à aider à retracer le parcours de Rembrandt », c'est ainsi que Nick Jue, PDG d'ING Deutschland, décrit le soutien de l'entreprise à l'exposition.

« Le Städelscher Museums-Verein soutient le travail muséal du Städel depuis plus de 120 ans, nous sommes donc ravis d'apporter notre soutien à cette nouvelle exposition. Quand on pense à Rembrandt, on ne pense pas seulement à l'artiste le plus innovant de son temps, mais aussi à l'acquisition spectaculaire de son grand tableau L'Aveuglement de Samson pour la collection du Musée Städel. C'est en partie grâce à notre engagement que cette œuvre passionnante a été acquise en 1905. Ce n'est donc pas une coïncidence qu'elle occupe une place particulière dans l'exposition. Son histoire est même racontée dans le plus moderne des formats : le podcast, avec quatre épisodes à lui tout seul », explique Sylvia von Metzler, présidente du Städelscher Museums-Verein e.V
 
 
Rembrandt Harmensz. van Rijn (1606–1669)
The Blinding of Samson, 1636
Oil on canvas, 206 × 276 cm
Städel Museum, Frankfurt am Main
Photo: Städel Museum - U. Edelmann


« Aujourd'hui, le nom Rembrandt est toujours une marque internationale et ses œuvres sont des « blue chips » convoités. Cela dit, de son vivant, il a dû se faire un nom sur le marché de l'art d'Amsterdam, où la concurrence entre les artistes était féroce. La capacité exceptionnelle de Rembrandt à pénétrer de manière convaincante la psychologie des personnalités qu'il peint sont sa marque de fabrique durable. L'exposition examine le travail de Rembrandt et de ses concurrents, collègues et élèves du milieu artistique fébrile d'Amsterdam au milieu du XVIIe siècle », explique Jochen Sander, commissaire de l'exposition, directeur adjoint et conservateur des peintures hollandaises, flamandes et allemandes avant 1800 du Musée Städel.
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« Rembrandt à Amsterdam : créativité et compétition » suit sa thématique dans un parcours structuré. L'architecture des galeries permet à l'œuvre de Rembrandt d'entrer dans un libre dialogue avec celui de ses contemporains.
 
Quand Rembrandt Harmensz. van Rijn est arrivé à Amsterdam au début des années 1630, il était loin d'être inconnu. Dans la capitale commerciale mondiale d'Amsterdam, l'art-buying public ne se limitait pas à la classe marchande aisée, mais comprenait aussi des artisans et des marins. Cherchant à se distinguer de ses concurrents par plus que juste du style, Rembrandt a commencé à signer ses œuvres avec simplement son prénom peu de temps après s'être installé à Amsterdam. C'est devenu l'une de ses plus distinctive marque de fabrique. Son inventivité impressionne bientôt la bourgeoisie locale dont les commandes font de lui un portraitiste recherché. Comme le démontre le Portrait d'Andries de Graeff de 1639 (Gemäldegalerie Alte Meister, Museumslandschaft Hessen, Kassel), Rembrandt avait le pouvoir de capturer l'expression vive et immédiate du modèle. Cela devient particulièrement évident lorsque ses oeuvres sont juxtaposées aux portraits de ses rivaux d'Amsterdam, comme Nicolaes Eliasz Pickenoy. Portrait grandeur nature (1628, Staatliche Kunsthalle Karlsruhe).


Rembrandt Harmensz. van Rijn (1606–1669)
Portrait of a Standing Man (Andries de Graeff), 1639
Oil on canvas, 199 x 123,5 cm
Museumslandschaft Hessen Kassel, Gemäldegalerie Alte Meister
Photo: Ute Brunzel


En plus des portraits de commande, Rembrandt a peint des autoportraits tout au long de sa vie. Étudier son propre visage – que ce soit dans des peintures, des dessins ou des gravures – a permis à Rembrandt d'explorer l'expression de tous les sentiments et états émotionnels imaginables.
 
Rembrandt a également utilisé ses autoportraits et ses études de tête comme carte de visite pour son autopromotion et démontrer ses capacités artistiques. Eux aussi sont devenus une sorte de signature quand il a incorporé ses propres traits dans des croquis de personnages appelés tronies (visage en néerlandais du XVIIème). Le tronie d'un homme avec un béret à plumes (c.1635-1640, Mauritshuis, La Haye) en est un exemple particulièrement impressionnant.


Rembrandt Harmensz. van Rijn (1606–1669)
Tronie of a Man with a Feathered Beret, c. 1635–40
oil on panel, 62.5 × 47 cm
Mauritshuis, The Hague
Photo: Mauritshuis, The Hague



Peu de temps après s'être installé à Amsterdam, Rembrandt a rejoint la Guilde de Saint-Luc en 1634. En tant que membre de l'association professionnelle des artistes, Rembrandt peut désormais créer son propre atelier, devenir indépendant en tant qu'homme d'affaires et faire payer son enseignement à des élèves. Au moins 40 jeunes artistes sont passés par son atelier d'Amsterdam. Par son travail, chaque étudiant a contribué activement à bâtir la réputation de l'école-marque Rembrandt. Pourtant, Rembrandt a encouragé ses élèves à développer leurs propre variations créatives plutôt que de simplement copier son travail. L'échange créatif avec d'autres artistes de talent a donc exercé une influence constante sur son art et celui de cet atelier d'assistants.
 
Rembrandt était un maître dans plusieurs genres de peinture : portraits et tronies, récit historique ou mythologiques, paysages, natures mortes et scènes de genre. Parmi ses contemporains, Rembrandt était considéré comme un artiste universel. Par sa maîtrise de la lumière et des effets chromatiques, il a su restituer des matières précieuses sur toile, comme en témoigne sa mystérieuse héroïne de l'Ancien Testament (1632/1633, Musée des beaux-arts du Canada, Ottawa). Rembrandt était sans égal dans sa capacité à rehausser l'intensité de ses oeuvres en condensant le récit en une seule scène décisive. Ses histoires décrivent des moments émouvants avec le pouvoir d'émouvoir, de déstabiliser et même d'inquiéter le spectateur. Mais malgré cela, les personnages de Rembrandt sont nuancés et traduisent l'ambiguïté et le doute, en particulier dans leurs expressions faciales, comme en témoignent la figure du roi Saül sur le tableau David jouant de la harpe pour Saül (vers 1630-1631, Musée Städel).

 
Rembrandt Harmensz. van Rijn (1606–1669)
Judith at the Banquet of Holofernes, 1634
Oil on canvas
143 × 154,7 cm
Museo Nacional del Prado, Madrid
Photo: Museo Nacional del Prado, Madrid

 
 
Parfois, le travail de Rembrandt révèle également une tendance grossière et humoristique. Son sens du détail graphique et de l'ironie se manifeste dans L'Enlèvement de Ganymède (1635, Staatliche Kunstsammlungen Dresden, Gemäldegalerie Alte Meister): plutôt que de représenter Ganymède comme un garçon séduisant dans la tradition iconographique (le célèbre dessin de Michel-Ange, était très populaire à l'époque), Rembrandt le peint comme un bambin dodu et geignard !


Rembrandt Harmensz. van Rijn (1606–1669)
The Abduction of Ganymede, 1635
177 × 129 cm
Oil on canvas
Gemäldegalerie Alte Meister, Staatliche Kunstsammlungen, Dresden
Photo: Staatliche Kunstsammlungen Dresden

 

Les représentations de la nature de Rembrandt - comme l'eau-forte Les trois arbres (1643, Städel Museum) ou Paysage avec un pont de pierre (vers 1638, Rijksmuseum, Amsterdam) - révèlent comment il a utilisé des effets visuels pour tenter de rendre la lumière de manière tangible ainsi que les phénomènes météorologiques et les mouvements dans la nature. A l'époque, son travail représentait une alternative surprenante à celle d'autres peintres spécialisés dans les paysages du sud baignées de lumière italienne et qui se vendaient facilement sur le marché de l'art.
 
Rembrandt Harmensz. van Rijn (1606–1669)
Landscape with a Stone Bridge, c. 1638
oil on panel, 29.5 × 42.5 cm
Rijksmuseum, Amsterdam, Purchased with the support of the Rembrandt Association and A. Bredius, Amsterdam
Photo: Rijksmuseum, Amsterdam

 
 
 
Rembrandt Harmensz. van Rijn (1606–1669)
The Three Trees, 1643
Etching, engraving and drypoint on laid paper, 213 x 278mm
Städel Museum, Frankfurt am Main
Photo: Städel Museum

 
À partir du milieu du XVIIe siècle, les artistes d'Amsterdam, tout comme leurs homologues français avant eux, ont commencé à se tourner vers les règles de l'antiquité classique comme source d'inspiration : des couleurs et des structures claires ont gagné en popularité. Ce nouveau classicisme était radicalement différent du style de Rembrandt. Cela n'est nulle part plus évident que dans la juxtaposition du tableau de Rembrandt Diane et ses nymphes au bain, avec les Histoires d'Actéon et Callisto (1634, Sammlung der Fürsten zu Salm-Salm, Wasserburg Anholt, Isselburg) et Diane et ses nymphes de Jacob van Loos (1654, Statens Museum for Kunst, Copenhague). En fait, Rembrandt est allé trop loin pour son temps et s'est éloigné du goût contemporain dans son travail ultérieur, employant une palette sombre et un empâtement épais à partir du milieu des années 1650. En conséquence, sa position dominante sur le marché de l'art d'Amsterdam a déjà pris fin de son vivant.
 
Rembrandt Harmensz. van Rijn (1606–1669)
Self-portrait, Leaning on a Stone Still, 1639
Etching on laid paper, 206 x 163 mm
Städel Museum, Frankfurt am Main
Photo: Städel Museum

 

L'exposition Nennt mich Rembrandt !  - Durchbruch in Amsterdam est organisée par le Städel Museum de Francfort-sur-le-Main et le Musée des beaux-arts du Canada, Ottawa.
 
Liste des artistes présentés dans cette exposition :
Jacob Backer (16081651)
Gerrit Adriaensz. Berckheyde (16381698)
Job Adriaensz. Berckheyde (16301693)
Joan Blaeu (15961673)
Ferdinand Bol (16161680)
Bartholomeus Breenbergh (15981657)
Pieter Codde (15991678)
Anthony van Dyck (15991641)
Gerbrand van den Eeckhout (16211674)
Barent Fabritius (16241673),
Carel Fabritius (16221654)
Govaert Flinck (16151660)
Bartholomeus van der Helst (c. 16131670)
François van den Hoeye (1590/911636)
Cornelis Holsteijn (16181658),
Gerard van Honthorst (15921656)
Pieter de Hooch (16291679)
 Samuel van Hoogstraten (16271678)
 Thomas de Keyser (c. 15961667)
 Philips Koninck (16191688)
 Salomon Koninck (16091656)
Pieter Lastman (15831633)
Jan Lievens (16071674)
Jacob van Loo (16141670) 
 Nicolaes Maes (16341693)
 Theodor Matham (1605/061676)
 Jan Miense Molenaer (1609/101668)
 Aert van der Neer (1603/041677)
 Reinier Nooms (called Zeeman; c. 1623/241664)
 Nicolaes Eliasz. Pickenoy (15881650/56)
 Marcantonio Raimondi (c. 1470/801527
 Rembrandt Harmensz. van Rijn (16061669)
Jacob van Ruisdael (1628/291683)
Joachim von Sandrart (16061688)
 Dirck van Santvoort (16091680)
Salomon Savery (1593/941683)
Hercules Segers (1589/901633/40)
Wallerant Vaillant (16231677) 
Jan Victors (16191676/77),
Cornelis Visscher (1628/291658)
 
Jan Baptist Weenix (16211659)


Un grand merci au service communication du Städel Museum pour la qualité du dossier de presse. 
 
 
 
 


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