Persée et Andromède
Jean-Baptiste Regnault - Le retour d'Andromède - 1782 Huile sur toile - Musée de l'Ermitage, Saint-Pétersbourg |
Persée arriva en Éthiopie,
où régnait Céphée, et il découvrit qu'Andromède,
la fille du roi, avait été exposée pour devenir la proie
d'un monstre marin. Car Cassiopée, l'épouse de Céphée,
avait osé défier les Néréides dans un concours
de beauté, en se vantant d'être plus belle qu'elles toutes. Les
Néréides s'étaient offensées, et Poséidon
se mit en colère : il envoya une inondation pour dévaster tout
le territoire, et aussi un monstre marin. Ammon avait alors donné sa
réponse : la seule façon de faire cesser ce fléau était
de livrer Andromède, la fille de Cassiopée, en pâture
au monstre. Céphée, sous la pression de ses sujets Éthiopiens,
obéit : il enchaîna la jeune fille à un rocher. Quand
Persée l'aperçut, il tomba immédiatement amoureux d'elle,
et il promit à Céphée de tuer le monstre et de sauver
Andromède, à condition de l'avoir pour épouse. L'accord
fut scellé par un serment. Persée attaqua le monstre marin d'en
haut, le tua et libéra la jeune fille. Mais Phinée, le frère
de Céphée, à qui Andromède avait été
promise, fomenta un complot contre Persée. Ayant découvert le
piège, le héros brandit la tête de la Gorgone devant Phinée
et ses complices, et, aussitôt, tous furent pétrifiés.
Revenu à Sériphos, il vit que sa mère s'était
réfugiée sur les autels, avec Dyctis, pour échapper à
la violence de Polydectès. Aussitôt le héros se rendit
auprès du roi ; il entra dans son palais, où Polydectès
avait invité tous ses amis ; il sortit la tête de la Gorgone,
il la fit voir et, immédiatement, à cette apparition, tous se
changèrent en pierre, dans l'attitude même qu'ils avaient à
ce moment-là.
Pseudo-Apollodore - La Bibliothèque - vers 200 (traduction Ugo Bratelli)
Jean-Baptiste Regnault - Le mariage de Persée et d'Andromède - 1782 Huile sur toile - Musée de l'Ermitage, Saint-Pétersbourg |
Je n'ai pas trouvé de traduction libre de droits des Fables de Hygin. Il faudra donc se contenter du texte latin !
LXIV. ANDROMEDA.
Cassiope filiae suae Andromedae formam Nereidibus anteposuit. ob id Neptunus expostulauit ut Andromeda Cephei filia ceto obiceretur.
2 quae cum esset obiecta, Perseus Mercurii talaribus uolans eo dicitur uenisse et eam liberasse a periculo; quam cum adducere uellet, Cepheus pater cum Agenore, cuius sponsa fuit, Perseum clam interficere uoluerunt.
3 ille cognita re caput Gorgonis eis ostendit omnesque ab humana specie sunt informati in saxum. Perseus cum Andromeda in patriam redit.
4 Polydectes [siue Proetus] ut uidit Perseum tantam uirtutem habere, pertimuit eumque per dolum interficere uoluit; qua re cognita Perseus caput Gorgonis ei ostendit et is ab humana specie est immutatus in lapidem.
Via Bibliotheca Augustana
Anton Raphael Mengs - Persée et Andromède - 1778 Huile sur toile - Musée de l'Ermitage, Saint-Pétersbourg |
Carle van Loo - Persée et Andromède - c. 1735-1740 Huile sur toile - Musée de l'Ermitage, Saint-Pétersbourg |
Donato Creti - Persée et Andromède - c. 1710 Collection privée |
Domenico Fetti - Persée et Andromède - c. 1620-1622 Huile sur toile - Kunsthistorisches Museum, Vienne |
Une version très chaste. Comme quoi en cherchant bien, on y arrive !
Persée et Andromède - Dernière décennie du 1er siècle av. J.C. Peinture murale de la villa impériale Boscotrecase - MET, New York |
Persée et Andromède - 1ère moitié du 16ème siècle Majolique de Castel-Durante - MET, New York |
Jean II Reymond (attribué à) - Persée et Andromède - c. 1615-1625 Couvercle de montre (?), émail. MET, New York |
Allemagne du sud - Persée et Andromède - c. 1600 Sculpture sur panneau de bois - MET, New York |
Persée et Andromède - Rome, 1er siècle avant-J.C. Camée - MET, New York |
Persée délivrant Andromède du monstre marin - Corinthe, -500, -400
Céramique - Altes Museum, Berlin
|
Paul Véronèse - Persée délivre Andromède - c. 1576-1578 Huile sur toile - Musée des Beaux-Arts, Rennes |
Le Titien - Persée et Andromède - Entre 1554 et 1556 Huile sur toile - Wallace Collection, Londres |
Joachim Wtewael - Persée secourant Andromède - 1611 Huile sur toile - Musée du Louvre, Paris |
Frederic Leighton - Persée et Andromède - 1891 Huile sur toile - Walker Art Gallery, Liverpool |
Persée et Andromède - Fresque provenant de la Casa dei Dioscuri Museo archeologico nazionale di Napoli |
Giuseppe Cesari - Persée délivre Andromède - entre 1594 et 1598 Huile sur panneau - Gemäldegalerie, Berlin |
Giorgio Vasari - Persée et Andromède - entre 1570 et 1572 Huile sur panneau - Palazzo Vecchio, Florence |
Eugène Delacroix - Persée et Andromède - 1853 Staatsgalerie, Stuttgart |
Edward Burne-Jones - Perseus Cycle 7 : The Doom fulfilled - 1888 Huile sur toile - City Art Gallery, Southampton |
Cependant Éole avait renfermé les vents dans
leur prison éternelle. L'étoile brillante du
matin, déjà levée dans les cieux,
avertissait les humains de recommencer leurs travaux.
Persée reprend ses ailes, les attache à ses
pieds, s'arme d'un fer recourbé, et s'élance dans
les airs, qu'il frappe et fend d'un vol rapide. Il a
déjà laissé derrière lui
d'innombrables contrées et cent peuples divers,
lorsqu'il abaisse ses regards sur les champs d'Éthiopie,
sur les états où règne
Céphée.
Là, par l'injuste oracle d'Ammon,
Andromède expiait les superbes discours de sa
mère. Persée la voit attachée sur un
rocher, et, sans ses cheveux qu'agite le Zéphyr, sans
les pleurs qui mouillent son visage, il l'eût prise pour
un marbre qu'avait travaillé le ciseau. Atteint d'un feu
nouveau, il admire; et, séduit par les charmes qu'il
aperçoit, il oublie presque l'usage de ses ailes. Il
s'arrête, et descend : "Ô vous, dit-il, qui ne
méritez pas de porter de pareilles chaînes; vous
que l'amour a formée pour de plus doux liens,
apprenez-moi, de grâce, votre nom, celui de ces
contrées, et pourquoi vos bras sont chargés
d'indignes fers" ! Elle se tait : vierge, elle n'ose
regarder un homme, elle n'ose lui parler. Elle eût
même, si ses mains avaient été libres,
caché son visage de ses mains. Du moins elle pouvait
pleurer; ses yeux se remplirent de larmes; et comme
Persée la pressait de répondre, craignant enfin
qu'il n'imputât son silence à la honte qui
naît du crime, elle lui dit son nom, celui de son pays,
et combien sa mère avait été vaine de sa
beauté. Elle parlait encore : l'onde écume
et retentit; un monstre horrible s'élève,
s'avance sur l'immense Océan, et fait, sous ses vastes
flancs, gémir de vastes ondes.
Andromède s'écrie; son père
affligé, sa mère criminelle, étaient
présents à ce spectacle affreux. Tous deux
malheureux, ils ne sont pas également coupables. Trop
faibles pour secourir leur fille, ils ne font entendre que des
plaintes stériles; ils ne peuvent que pleurer,
qu'embrasser leur fille attachée au rocher.
"Vous aurez, dit le héros, assez de
temps pour répandre des larmes; mais nous n'avons qu'un
instant pour la sauver. Si je m'offrais pour votre gendre, moi,
Persée, fils de Jupiter et de Danaé, qui,
renfermée dans une tour, devint féconde au milieu
d'une pluie d'or; moi, Persée, vainqueur de la Gorgone
à la tête hérissée de serpents; moi,
qui, soutenu sur des ailes légères, ose
m'élancer dans les airs, vous me
préféreriez sans doute à tous mes rivaux;
mais je veux, si les dieux me secondent, joindre à tant
de titres, pour obtenir Andromède, celui de la
mériter. Que, sauvée par mon courage, elle soit
à moi : telle est ma condition".
Céphée et Cassiopée l'acceptent (et
comment la refuser !). Ils pressent, ils conjurent le
héros, et lui promettent leur fille pour épouse,
et le royaume pour dot.
Tel qu'un vaisseau à la proue aiguë,
cédant aux efforts de rameurs ardents, sillonne et fend
l'onde écumante, le monstre approche, divisant les flots
qui résistent; et déjà le jet d'une fronde
eût mesuré l'espace qui le sépare du
rivage. Soudain, frappant de ses pieds la terre, qu'il semble
repousser, le héros impétueux s'élance au
haut des airs; son ombre réfléchie voltigeait sur
les eaux; le monstre voit cette ombre et la combat. Tel que
l'oiseau de Jupiter apercevant dans les guérets un
serpent qui expose son dos livide aux ardeurs du soleil,
l'attaque par derrière, pour éviter son dard
cruel, et enfonce ses serres dans son col
écaillé; tel Persée vole, et se
précipite, et fond sur le dos du monstre, et plonge tout
entier son fer dans ses flancs.
Le monstre, qu'irrite une large blessure,
bondit sur l'onde, ou se cache dans les flots, ou s'agite et se
roule tel qu'un sanglier que poursuit une meute aboyante. Le
héros, par l'agilité de ses ailes, se
dérobe à ses dents avides, et de son glaive
recourbé le frappe sans relâche sur son dos
hérissé d'écailles, dans ses flancs, et
sur sa queue, semblable à celle d'un poisson.
Avec des flots de sang le monstre vomissait l'onde, qui
rejaillit sur les ailes du héros; il les sent
s'appesantir, et n'ose plus s'y confier. Il découvre un
rocher dont le sommet domine l'onde tranquille, et
disparaît quand la tempête agite les mers; il s'y
soutient, et d'une main saisissant la pointe du roc qui
s'avance, de l'autre il plonge et replonge son fer dans les
flancs du monstre, qui expire sous ses coups
redoublés.
Au même instant, le rivage retentit de cris et
d'acclamations qui montent jusqu'aux cieux.
Céphée et Cassiopée, heureux et pleins de
joie, saluent, dans le héros, leur gendre, et le
proclament le sauveur de leur maison. Objet et prix de la
victoire, Andromède, libre de ses fers, s'avance et vole
dans leurs bras.
Ovide - Les Métamorphoses - Traduction de G.T. Villenave (1806), via Bibliotheca Classica Selecta
D'autres illustrations sur ce site consacré à Andromède
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