Enfers et Fantômes d'Asie au Quai Branly

The Phantom of Oiwa (late 19th–early 20th century), signed Ikkyo.
Photo Claude Germain; © musée du quai Branly – Jacques Chirac

Chasseurs de fantômes s'abstenir. Les enfers d'Asie ont quartier libre chez Jacques Chirac !
Exposition Enfers et fantômes d'Asie, jusqu'au 15 juillet 2018
Musée du Quai Branly - Jacques Chirac (Paris)




The Princess Takiyasha and the Ghost-Skeleton (c. 1844), Utagawa Kuniyoshi. © Victoria & Albert Museum, London

The Ogress of the Forest, Phi Mè Nay (2015), Chiang Rai province.
Photo: Claude Germain; © musée du quai Branly – Jacques Chirac

Rival (2017), Anupong Chantorn. Photo Claude Germain; © musée du quai Branly – Jacques Chirac


Représentation thaïlandaise des enfers (XIXe siècle). Photo Jérôme Bastianelli

Représentation thaïlandaise des enfers (XIXe siècle). Photo Jérôme Bastianelli

Représentation thaïlandaise des enfers (XIXe siècle). Photo Jérôme Bastianelli

Représentation thaïlandaise des enfers (XIXe siècle). Photo Jérôme Bastianelli

Photo : Quai Branly

Photo Quai Branly

Photo Quai Branly

Photo Julien B

Photo Julien B


Le hashtag officiel de l'exposition

« Âmes sensibles, s’abstenir », serait-on tenté d’inscrire au fronton de l’exposition  Enfers et Fantômes d’Asie. Non pour dissuader le visiteur d’en franchir le seuil, mais bien au contraire pour exciter son imagination, suivant un tour bien connu des forains et autres faiseurs de croyances. On lira par exemple avec délectation, dans les pages du catalogue de l’exposition, les conseils du scénariste d’animés japonais Chiaki J. Konaka, quand il recense les moyens les plus sûrs de « faire
passer le spectateur en mode “peur” ». Et l’on avancera qu’à sa suite, le commissaire de l’exposition, Julien Rousseau, a cherché la meilleure façon de traduire en langage scénographique ce « méta-message » sur lequel insiste Konaka : « Vous êtes devant un film d’horreur, vous pouvez avoir peur. »
Car oui, il s’impose d’avoir peur au spectacle des enfers et des fantômes d’Asie. Il convient de frissonner d’angoisse et d’excitation – devant la horde des figures sépulcrales qui parcourent le cinéma fantastique de Hong Kong, les jardins des enfers thaïlandais, les scènes du théâtre kabuki, les ukiyo-e de Hokusaï, les yûrei-ga, ces peintures de fantômes sur kakemono dont le musée du quai Branly – Jacques Chirac conserve de précieux exemplaires.
Les lieux, les visages, les intentions des entités convoquées dans l’exposition sont multiples, comme le sont les recours des vivants pour en exorciser le tourment, à défaut de pouvoir, plus rarement, en escompter un secours. Car ces fantômes ont des choses à dire sur ce qu’ils ont été et sur ce que nous sommes, nous, vivants symptômes d’une société où sévissent le meurtre, l’injustice, l’arbitraire. Et c’est sans doute ce que cette Asie-là nous révèle de plus effrayant des enfers du bouddhisme aux récits populaires, c’est tout un pan de notre condition qui se donne à lire à revers. Une condition imparfaite et inachevée, où l’illusion tient souvent lieu de vérité, comme le signifie l’indispensable Apichatpong Weerasethakul dans un propos introductif au catalogue. 
Stéphane Martin

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