L'histoire de Suzanne en six assiettes
Pierre Reymond - Suzanne au bain Musée du Louvre |
J'ai encore sorti les assiettes du service Renaissance pour faire la fête !
Cette fois-ci, elle viennent directement des vitrines (ou des réserves ?) du Louvre. Elles sont dues à Pierre Reymond, émailleur à Limoges (vers 1580) et elles ont appartenu au chevalier Edme-Antoine Durand.
Cette fois-ci, elle viennent directement des vitrines (ou des réserves ?) du Louvre. Elles sont dues à Pierre Reymond, émailleur à Limoges (vers 1580) et elles ont appartenu au chevalier Edme-Antoine Durand.
Pierre Reymond - Suzanne surprise par les vieillards Musée du Louvre |
Pierre Reymond - Suzanne devant ses juges Musée du Louvre |
Pierre Reymond - Suzanne conduite au supplice Musée du Louvre |
Pierre Reymond - La justification de Suzanne Musée du Louvre |
Pierre Reymond - La lapidation des vieillards Musée du Louvre |
Source des illustrations : RMN Grand Palais - Musée du Louvre, Paris. Photos Stéphane Maréchalle.
Livre de Daniel - Chapitre 13
- Il y avait un homme qui demeurait à Babylone, et son nom était Joakim.
- Il prit une femme nommée Susanne, fille d’Helcias, d’une grande beauté et craignant Dieu ;
- car ses parents, qui étaient justes, avaient instruit leur fille selon la loi de Moïse.
- Or Joakim était fort riche, et il avait un jardin près de sa maison, et les Juifs affluaient chez lui, parce qu’il était le plus honorable de tous.
- On avait établi juges cette année-là deux anciens d’entre le peuple, dont le Maître a dit : « L’iniquité est sortie de Babylone par des vieillards qui étaient juges, qui paraissaient régir le peuple. »
- Ils fréquentaient la maison de Joakim, et tous ceux qui avaient des différends se rendaient auprès d’eux.
- Vers le milieu du jour, lorsque le peuple s’était retiré, Susanne entrait dans le jardin de son mari et s’y promenait.
- Les deux vieillards la voyaient chaque jour y entrer et s’y promener, et ils conçurent pour elle une ardente passion.
- Ils pervertirent leur sens et détournèrent leurs yeux pour ne pas voir le ciel et ne pas se souvenir des justes jugements de Dieu.
- Ils étaient donc blessés d’amour pour elle, mais ils ne se communiquaient pas mutuellement leur souffrance,
- car ils avaient honte de révéler l’un à l’autre la passion qui leur faisait désirer d’être avec elle.
- Ils l’observaient chaque jour avec soin pour la voir, et ils se dirent l’un à l’autre :
- « Allons chez nous, c’est l’heure du dîner. » Et ils sortirent et se séparèrent.
- Mais étant revenus sur leurs pas, ils se rencontrèrent, et s’étant demandé le motif de leur retour, ils s’avouèrent leur passion ; puis ils convinrent entre eux du moment où ils pourraient la trouver seule.
- Comme ils épiaient un jour convenable, il arriva que Suzanne entra dans le jardin, comme elle l’avait fait la veille et l’avant-veille, sans autre compagnie que deux jeunes filles ; elle voulut se baigner dans le jardin, car il faisait chaud.
- Il n’y avait là personne, sinon les deux vieillards, qui s’étaient cachés et qui l’épiaient.
- Elle dit aux jeunes filles : « Apportez-moi de l’huile parfumée et des onguents, et fermez les portes du jardin, afin que je me baigne. »
- Elles firent ce que Suzanne avait commandé et, ayant fermé la porte du jardin, elles sortirent par une porte de derrière, pour apporter ce qui leur avait été demandé ; elles ne savaient pas que les vieillards étaient cachés dans le jardin.
- Dès que les jeunes filles furent sorties, les deux vieillards se levèrent, coururent à Susanne et lui dirent :
- « Vois, les portes du jardin sont fermées, personne ne nous aperçoit, et nous brûlons d’amour pour toi ; consens donc à notre désir et sois à nous.
- Si non, nous nous porterons témoins contre toi, et nous dirons qu’un jeune homme était avec toi, et que c’est pour cela que tu as renvoyé les jeunes filles. »
- Susanne soupira et dit : « Du tous côtés l’angoisse m’environne. Si je fais cela, c’est la mort pour moi, et si je ne le fais pas, je n’échapperai pas de vos mains.
- Mais il vaut mieux pour moi tomber entre vos mains sans avoir fait le mal que de pécher en présence du Seigneur. »
- Alors Susanne jeta un grand cri, et les deux vieillards crièrent aussi contre elle.
- Et l’on d’eux courut ouvrir les portes du jardin.
- Quand les serviteurs de la maison entendirent les cris poussés dans le jardin, ils se précipitèrent par la porte de derrière pour voir ce qu’il y avait.
- Lorsque les vieillards se furent expliqués, les serviteurs eurent grande honte, parce qu’on n’avait jamais dit chose semblable de Susanne.
- Le lendemain, le peuple s’étant rassemblé chez Joakim, mari de Susanne, les deux vieillards y vinrent aussi, tout remplis de pensées méchantes contre elle, afin de la faire périr.
- Ils dirent devant le peuple : « Envoyez chercher brillante, fille d’Helcias, femme de Joakim. » Et on envoya aussitôt.
- Elle vint avec ses parents, ses fils et tous ses proches.
- Or Suzanne, avait les traits délicats et une grande beauté.
- Comme elle était voilée, les juges méchants commandèrent qu’on lui ôtât son voile, pour se rassasier de sa beauté.
- Mais tous les siens et tous ceux qui la connaissaient versaient des larmes.
- Les deux vieillards, se levant au milieu du peuple, mirent leurs mains sur sa tête.
- Elle, en pleurant, regarda vers le ciel, car son cœur avait confiance dans le Seigneur.
- Les vieillards dirent : « Comme nous nous promenions seuls dans le jardin, elle est entrée avec deux jeunes filles et, après avoir fait fermer les portes du jardin, elle a renvoyé les jeunes filles.
- Et un jeune homme qui était caché est venu à elle et a fait le mal avec elle.
- Nous étions dans un coin du jardin ; en voyant le crime, nous avons couru à eux, et nous les avons vus dans cette infamie.
- Nous n’avons pu prendre le jeune homme, parce qu’il était plus fort que nous, et qu’ayant ouvert la porte, il s’est échappé.
- Mais elle, après l’avoir prise, nous lui avons demandé quel était ce jeune homme, et elle n’a pas voulu nous le dire. Voilà ce que nous attestons. »
- La foule les crut, parce que c’étaient des vieillards et des juges du peuple, et ils la condamnèrent à mort.
- Alors Susanne s’écria à haute voix et dit : « Dieu éternel, qui connaissez ce qui est caché et qui savez toutes choses avant qu’elles n’arrivent,
- vous savez qu’ils ont rendu un faux témoignage contre moi ; et voici que je meurs, sans avoir rien fait de ce qu’ils ont méchamment inventé contre moi. »
- Le Seigneur entendit sa voix.
- Comme on la conduisait à la mort, Dieu éveilla l’esprit saint d’un jeune enfant nommé Daniel.
- Il cria à haute voix : « Pour moi, je suis pur du sang de cette femme ! »
- Tout le peuple se tourna vers lui et lui dit : « Que signifie cette parole que tu dis-là ? »
- Daniel, se tenant au milieu d’eux, dit : Etes-vous donc insensés à ce point, enfants d’Israël, de faire mourir une fille d’Israël sans examen, sans chercher à connaître la vérité ?
- Retournez au tribunal, car ils ont rendu un faux témoignage contre elle. »
- Alors le peuple retourna en hâte, et les anciens dirent à Daniel :
- « Viens, prends place au milieu de nous, et expose-nous ton avis, car Dieu t’a donné l’honneur de la vieillesse. » Daniel dit au peuple : « Séparez-les loin l’un de l’autre, et je les jugerai. »
- Quand ils furent séparés l’un de l’autre, Daniel en appela un et lui dit : « Homme vieilli dans le crime, les péchés que tu as commis autrefois sont maintenant venus sur toi,
- toi qui rendais des jugements injustes, qui condamnais les innocents et relâchais les coupables, quand le Seigneur a dit : Tu ne feras pas mourir l’innocent et le juste.
- Eh bien, si tu l’as vue, dis sous quel arbre tu les as vus s’entretenant ensemble. » Il répondit : « Sous un lentisque. »
- Daniel dit « Justement tu dis un mensonge pour ta perte ; car l’ange de Dieu qui a déjà reçu l’arrêt divin va te fendre par le milieu. »
- Après l’avoir renvoyé, il ordonna d’amener l’autre, et il lui dit « Race de Chanaan, et non de Juda, la beauté d’une femme t’a séduit et la passion a perverti ton cœur.
- C’est ainsi que vous en agissiez avec les filles d’Israël, et elles, ayant peur de vous, vous parlaient ; mais une fille de Juda n’a pu souffrir votre iniquité.
- Dis-moi donc maintenant sous quel arbre tu les as surpris s’entretenant ensemble. »
- Il dit : « Sous un chêne. » Daniel lui dit : « Justement tu as dit, toi aussi, un mensonge pour ta perte ; car l’ange du Seigneur attend, le glaive en main, le moment de te couper par le milieu, afin de vous faire mourir. »
- Alors toute l’assemblée jeta un grand cri, et ils bénirent Dieu qui sauve ceux qui espèrent en lui.
- Puis ils s’élevèrent contre les deux vieillards, que Daniel avait convaincus par leur propre bouche d’avoir rendu un faux témoignage, et ils leur firent le mal qu’eux-mêmes avaient voulu faire à leur prochain ;
- afin d’accomplir la loi de Moïse, et ils les firent donc mourir, et le sang innocent fut sauvé en ce jour-là.
- Helcias et sa femme louèrent Dieu au sujet de leur fille Susanne, avec Joakim, son mari, et tous ses parents, parce qu’il ne s’était trouvé en elle rien de déshonnête.
- Et Daniel devint grand devant le peuple, à partir de ce jour et dans la suite des temps.
- Le roi Astyage ayant été réuni à ses pères, Cyrus le Perse reçut le royaume.
Commentaires
Enregistrer un commentaire