Introduction au fétichisme médiéval : Saint Benoît de Nursie

Alessandro Allori - La tentation de saint Benoît - c. 1587
Fitzwilliam Museum, Cambridge

Un certain jour, alors qu'il était seul, le tentateur se trouva là. Un petit oiseau noir, vulgairement appelé merle, se mit à voleter autour de sa tête et à insister avec importunité près de son visage à tel point qu'on pouvait le prendre à la main, si du moins le saint homme avait voulu le saisir. Mais, sur un signe de croix, l'oiseau s'en alla.
Cependant, l'oiseau parti, il s'ensuivit une telle tentation de la chair que jamais l'homme de Dieu n'en avait connue de si grande. En effet, il avait vu une certaine femme autrefois que l'esprit malin lui ramena devant les yeux de l'âme et la beauté de celle-ci alluma un si grand feu dans l'esprit du serviteur de Dieu que la flamme de l'amour pouvait à peine se contenir dans sa poitrine, et déjà, presque vaincu par la volupté, il songeait quitter le désert.

Mais, bien vite, sous le regard de la grâce d'en haut, il revint à lui-même et, avisant tout près de lui un fourré épais d'orties et de ronces, il se dépouilla de son vêtement et se jeta tout nu au milieu de ces épines acérées et dans le feu des orties : s'y étant roulé longtemps, il en sortit le corps tout meurtri et grâce à ces blessures de la peau, il fit sortir de sa chair la blessure de l'âme, car la volupté se traduisit en douleur ; en souffrant d'une brûlure externe, il éteignit celle qui le consumait illicitement à l'intérieur. (Grégoire le Grand - Dialogues, II)



Bergognone Ambrogio di Stefano (c. 1453-1523) - La Tentation et la pénitence de saint Benoît
Nantes, Musée des Beaux Arts

Le diable tente saint Benoît en lui présentant une femme
Vézelay, chapiteau de la nef, vers 1130

Saint Benoît se roulant dans les épines pour vaincre la tentation (reproduction)
Maître de Fauvel - Vies de saints - XIVè siècle
Giovanni Antonio Bazzi, il Sodoma - La tentation de saint Benoît - 1505-1508 (détail)
Fresque de l'abbaye Monteoliveto Maggiore
C'est un peu limite de se faire surnommer Le Sodoma et de peindre de telles scènes ! D'après Vasari, ce surnom n'était pas usurpé...

La tentation de saint Benoît et la scène de buisson d'épines (à gauche)
Chapiteau, Abbaye de Fleury-Saint-Benoît-sur-Loire, vers 1090

Un peu de lecture :

Note : Grégoire le Grand, toujours à propos de Benoît de Nursie, écrit "Méprisant donc l’étude des lettres, il se mit en quête d’un genre de vie sainte. Aussi se retira-t-il, savamment ignorant et sagement inculte".
Le Melon de la Loire aurait-il pris ce précepte au pied de la lettre, devenant en quelque sorte un Frère Ignorantin laïc ?
Rappelons que l'érudit ligérien fantasme une université carolingienne (oups !) peuplée de 5000 d'étudiants (re-oups) dans l'abbaye de Fleury ! Une nenquête citoyenne s'impose...

Commentaires

  1. Il faudra bien plus que se rouler dans une forêt d'épines pour se faire pardonner la trépidante et sulfureuse relation qu'il entretient avec la Starbée de Saphir .
    Quoique ....
    Je demeure intrigué par son choix de clientèle dans sa nouvelle carrière d'avocat.

    RépondreSupprimer

Enregistrer un commentaire

Posts les plus consultés de ce blog

Battre le fer tant qu'il est chaud. L'art des forgerons africains

Emergence et influence du nu sur l'art de la Renaissance

Persée et Andromède

Salle 432 - Picasso à l'Ermitage

1573 - Véronèse entre en Cène devant l'Inquisition

Le théâtre érotique de Leonor Fini

Et la Poésie dans tout ça ? - Le cycle du Titien pour Philippe II d'Espagne